N'oubliez pas d'avoir peur !

Avant toute chose j’aimerais rendre hommage aux victimes des récents événements... Je pense bien-sûr à la raison, à la pensée, mais aussi et surtout à l'intelligence (L'intelligence est l'ensemble des facultés mentales permettant de comprendre les choses et les faits, de découvrir les relations entre elles et d'aboutir à la connaissance conceptuelle et rationnelle à l'inverse donc de l'émotionnel et de l'instantané).

Je tiens à saluer et à exprimer ma gratitude à celles et ceux qui face à la barbarie, aux terroristes, aux djihadistes, à daesh, à notre gouvernement, à nos élus, aux politiques en général, aux (im)médias, au pathos, à la politique de la peur et de l’émotion, à la bien-pensance et à l’autocensure, ont essayé de défendre la pensée, la raison et l’intelligence.
Bien essayé, mais hélas en vain, cette dernière semaine placée sous le signe de la barbarie a porté le coup fatal.

Ces tragiques événements meurtriers du 13 novembre 2015, causés par une organisation de barbares fanatiques responsables d’une centaine de morts et le double de blessés, ont plongé la France dans un climat de peur. Sans compter sur nos politiciens qui ont immédiatement profité de l’occasion en prétextant stopper leurs campagnes pour la battre d’avantage à grand coup de tweets, de facebookeries, de blogueries et d’annonces. Leurs discours maculés d’émotions pathétiques relayés en boucle par les (im)médias, n’invitaient qu’a la peur collective et à stopper toute réflexion.

L’état d’urgence a été déclaré, le niaisident de la ripoublique a annulé sa présence au G20 (où il aurait eu le plaisir d’entendre Poutine déclarer que quarante Etats financent daesh dont certains sont membre du G20), les festivités du 8 décembre sont supprimées (nous sommes d’ailleurs invités à décorer nos fenêtres de luminions en l’hommage des victimes de ces attentats… Ils réinventent le 8 décembre, bientôt nous apprendrons qu’une messe de minuit ce tiendra pour Noël)…
Bref surtout n’oubliez pas d’avoir peur ! Car quand on a peur, le champ de la pensée et donc des possibles se réduit ; car quand on a peur, les pires lois peuvent passer sans problème. Je vous invite à lire le texte de loi sur le renseignement adopté après l’attaque d’un magazine en janvier 2015.

Et si nous faisions commerce de l’émotion ? Des entreprises se sont créées pour vendre des tee-shirts, des mugs et autres cochonneries du genre affichants « Pray for Paris » ; Facebook a conçu un filtre bleu blanc rouge à des fins de statistiques commerciales (à ce sujet je constate que bon nombre de ceux qui l’on arboré sur leur profil crient en général au racisme dès que le drapeau tricolore est brandi).

Malgré tout, quelques actes de solidarités sincères et désintéressés existent, le dépôt de cierges et de fleurs sur les lieux des attentats, des rassemblements, des chants ; j’ai moi-même été témoin d’un magnifique instant dans un métro lyonnais où un jeune accordéonisto-mendiant (assez mauvais je dois dire), nous a joué Bella ciao, en moins de dix secondes la rame entière s’est mise à fredonner l’air puis l’a chanté à grand chœur…

En général quand je fais ce genre de critiques on me balance un « mais alors qu’elle est ta solution ? »

Jetons nos télévisions à la poubelle (moi c’est fait depuis 2 ans), ne votons plus pour des imbéciles manipulateurs et saboteurs de l’intelligence qui ne pensent qu’à garder leurs sièges (donc ne votons plus), digérons l’émotion et interrogeons-nous avec raison, discutons échangeons, buvons et débâtons entres amis (ou inconnus), car c’est comme ça que l’on refait le monde. Investissons nous dans des associations, quelle qu’en soit l’objet, et œuvrons bénévolement pour la culture, la solidarité, la fraternité, l’égalité dans les droits et les devoirs et non dans l’uniformisation.
Bref sortons de notre métro, boulot, télé, dodo pour agir avec nos moyens et notre mesure.

Vive la liberté, vive l’égalité et vive la fraternité !

Flavien Bernard, 21 novembre 2015