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Flavien Bernard
7 juillet 2019

Camino de Santiago, le récit : Chapitre X

P1040904

Abattu oui, épuisé aussi, endolori of course, but pas prêt à renoncer !
"Où tu es j'irai te chercher…" ce refrain refit surface et me redonna de la force sans que je ne comprenne pourquoi. J'étais face à une putain d'embuche certes, mais il m'était hors de question d'abandonner. Il fallait que je trouve le moyen de me poser quelque part deux ou trois jours pour reprendre des forces et me guérir. Les bruits de voitures que j'entendais soudainement assez fort m'indiquèrent que je n'étais pas loin d'une route. Je vis passer le toit d'un camion… yes, elle n'est vraiment pas loin. Je m'assis, pris mon courage à deux mains et usa de toutes mes forces pour trainer tant bien que mal ma carcasse endolorie sur la chaussée où j'allais pouvoir faire du stop jusqu'au prochain bled.
Cette fois la chance était avec moi, je fus pris dans la minute par une mamie qui me déposa à l'entrée de Saint Côme d'Olt.
Il me fallait être stratégique. Je ne pouvais pas me payer le médecin, mais cela n'avait pas d'importance, j'étais convaincu que je souffrais d'une tendinite, ayant trop tiré sur mes jambes et m'étant trop peu hydraté les jours précédents, soit faute d'eau, soit par manque de soif à cause du froid, c'était inévitable et j'en avais tous les symptômes. Je suis passé à la pharmacie histoire de faire confirmer mon diagnostique et être bien sûr que j'étais en possession de la bonne crème pour me soigner. Le pharmacien confirma et m'informa qu'il ne se passait pas un jour sans qu'un pèlerin ne vienne le consulter à ce sujet. L'étape est très dure me dit-il.
Conforté, il me fallait à présent trouver un lieu où je pourrai me reposer quelques jours. Je décidais donc de me poster devant l'église pour faire la manche, histoire de m'offrir le gîte.
Je me suis installé sur les marches du parvis, déposant ma coquille juste devant moi et fis la manche pour la première fois de ma vie.
Maigre recette, après deux heures, je n'ai récolté qu'une dizaine d'euros. Rappelé à l'ordre par mon estomac j'ai décidé de me régaler d'une petite crêpe sur la place.
Le crêpier, un authentique breton tombé amoureux de la région, m'interrogea sur mon pèlerinage, je lui expliquai ma situation et lui demandai conseil quant à un lieu où je pourrai m'abriter en toute quiétude. Il me conseilla de me rendre au couvent des sœurs ursulines, m'affirmant qu'elles sauraient surement me venir en aide.
J'engloutis ma crêpe, le patron m'offrit un café, puis je suis retourné faire la manche une petite heure. Cela me rapporta cinq euros et des brouettes.

Vers 15h, j'entrepris de faire du stop pour me rendre au couvent, qui n'était certes qu'à six-cents mètres à peine du centre-bourg, mais il m'était impossible de les faire à pied.
Je suis arrivé au couvent une bonne demi-heure plus tard. Je découvris que ledit faisait également office de gîte et de chambre d'hôtes à destination des pèlerins et de retraitants. Pour une raison que j'ignore à l'heure ou j'écris ces lignes, il me fut difficile de trouver l'entrée, j'ai passé un bon quart d'heure à faire le tour des bâtiments avant d'arriver devant l'entrée de service où j'appuya sur la sonnette.
La grande porte en bois s'ouvrit sur une bonne sœur tout de gris vêtue. Je lui expliquai mon cas, elle me fit entrer sans un mot, m'accompagna à l'accueil du gîte et m'y fit patienter.
Une autre bonne sœur vint me trouver un long moment après, répondant au nom d’Anne-Marie, c'était la taulière. Elle me dit d'un ton sec empreint d'empathie qu'elle allait m'installer dans une cellule de l'ancienne aumônerie, où je pourrai rester le temps nécessaire à mon rétablissement, m'informa que les repas se prennent au réfectoire à 19h, après vêpres.
Je lui demandai si je pouvais me rendre utile à la communauté, - va pas t'esquinter d'avantage, me dit-elle vigoureusement, on a déjà une hospitalière, je ne vais pas faire collection, va te reposer et que je ne te revois pas avant l'heure du repas.
Je me suis exécuté sans broncher, j'étais tellement rincé.
Ma cellule était vraiment vétuste mais présentait tout le confort nécessaire à mon rétablissement. Je fis mon lit et m'endormis aussi tôt, rassuré et enchanté de pouvoir me réparer dans l'un des plus beaux villages de France.

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Commentaires
M
Toujours aussi passionnant mais savoir que tu as traversé tout ça est impressionnant <br /> <br /> Chapeau
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